Les femmes s’intéressent à la mode. Les hommes, eux, avec leurs grandes responsabilités, n’ont pas le temps pour de telles futilités. Les femmes doivent être belles pour trouver un mari et le garder, le rendre heureux. Les hommes leur offrent des bijoux et parures pour les embellir…

 

Ca, ce sont des bases du patriarcat bien sexiste comme on les aime. Alors forcément, en tant que féministe, on a à coeur de déconstruire tous ces clichés. Oui mais… dans un coin de ma tête, je me dis que j’aime quand même bien, moi, ces futilités. Que me faire belle, trouver du plaisir dans le shopping, ça fait partie de ma vie. Alors, suis-je encore sous le joug de ce patriarcat que j’essaie de combattre ? Ou au contraire, suis-je plus affranchie que tout le monde ? En une phrase : peut-on être féministe et aime s’habiller ?

Un peu d’histoire 📚

Rassure-toi, ce sera pas boring 😜

Il y a plein de manières différentes de dater le début de la mode. Les premiers vêtements ont environ 170 000 ans et l’invention de la « maison de couture » du XIXème siècle avec Charles Frederick Worth. Ca fait une fourchette de quelques millénaires où il s’en sont passées des choses ! Car si vêtement ne veut pas forcément dire mode, on est bien d’accord qu’il serait tout aussi faux de penser qu’on a attendu 1850 pour se juger les un-e-s les autres sur notre apparence 😅

Très tôt dans l’histoire de l’humanité, le vêtement est utilisé pour se différencier. L’apparition de la mode est progressive et suit de près l’histoire politique et sociologique.

Je vous en parle sur les réseaux tous les mois avec mon concept #lesaviezvous !

Et puis un jour, tout à coup, la mode est déclarée futile et vulgaire. La concordance de plusieurs événements (Réforme Protestante qui prône le noir, Révolution Française qui souhaite établir un nouvel ordre de sobriété, à l’opposé des folies monarchiques) fait que le vêtement « sérieux » tend à se dissocier de la mode colorée et fun. Et cette distinction se genre au même moment : Un vrai leader doit savoir gouverner grâce à son charisme naturel, intrinsèque : porter des couleurs vives est considéré comme vulgaire, comme une tentative d'attirer l'attention par son habit plutôt que par ses qualités personnelles.

A l’inverse, les femmes, tenues à l’écart du pouvoir, sont invitées à porter des couleurs, froufrous, etc histoire de s’occuper… et sont ensuite jugées frivoles, par opposition à la profondeur des hommes.

C’est bien connu, l’habit fait le moine et quelqu’un porte des vêtements un peu fun ne peut pas avoir de cerveau.

Aujourd’hui, ces préjugés genrés sont encore très persistants. Par exemple, le port du costume noir, gris, bleu marine ou anthracite généralisé dans les positions de pouvoir. Des marques très en vogue, comme Bonne gueule par exemple renforcent aussi ces stéréotypes en construisant tout un imaginaire de l’homme moderne, sur base de ces notions de confort, sobriété et valeur pratique.
 

Déconstruire tout et son contraire

Face à ces constats, beaucoup de femmes, aujourd’hui et hier, tentent d’adopter les codes masculins afin d’être prises plus au sérieux. Le « power suit » a par exemple été l’un des vêtements phares des années 80, avec ses épaules larges et sa neutralité. Margaret Thatcher est l’une de ses grandes adeptes.

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Tim Graham//Getty Images via www.veranda.com

L’idée qu’une femme doit ressembler à un homme pour avoir sa place à table est séduisante pour certaines… mais malheureusement totalement fausse !

Tout d’abord, parce que le sexisme ne s’arrête pas quand une femme adopte les codes vestimentaires masculins. Mais aussi et surtout parce qu’accepter ces normes, ce n’est pas déconstruire le patriarcat, c’est, d’une certaine manière, le légitimer (Thatcher par exemple est loin d’être une féministe dans l’âme 😂).

C’est souvent ce qui se passe quand on commence à déconstruire : on pense qu’il faut se réfugier dans la case opposée à celle qu’on nous a attribuée. Mais malheureusement, c’est un peu plus compliqué que ça :

car tant qu’on occupe les cases forgées par ce qu’on essaie de déconstruire, on y reste soumis-e.

 

Alors, c’est quoi la solution ? Si on s’habille « comme un homme » on soutient le patriarcat, mais si on s’habille « comme une femme » on en est victime aussi… Alors, on s’habille comment ?

 

La vraie valeur du vêtement 💎

La déconstruction ce n’est pas une fin en soi, c’est un chemin le long duquel chacun-e évolue à sa manière. Et c’est justement ça qui est important à retenir : chacun-e s’habille comme iel veut… mais en ayant conscience d’où on vient et en questionnant réellement ses goûts et envies.

Je reproche souvent à la mode « unisexe » d’être neutre et ennuyeuse, tant en termes de coupes que de couleurs.

C’est avant tout parce que, pour moi, la fonction la plus importante du vêtement est d’être un moyen d’expression. Certes, ça nous sert à nous couvrir mais ça nous sert aussi à envoyer des messages au monde.

La parole est monopolisée par les dominants (hommes blancs cis het valides CSP+). Alors, si on utilisait d’autres moyens pour s’exprimer ? Et si, justement, ceux qui nous ont été « laissée » s’avéraient être les plus efficaces ?

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 C'est le cas de ce t-shirt engagé, non genré en sur mesure, à retrouver ici même !

 

C’est ok d’aimer les vêtements, c’est ok aussi de ne pas y prêter attention. Mais ces vêtements, cette mode qu’on nous a fait croire futile, ne seraient iels pas plutôt un pouvoir énorme ? A nous de nous réapproprier nos corps, nos goûts et nos moyens d’expression ! C’est justement en revalorisant ce que le patriarcat considère comme ridicule que nous parviendrons, ensemble, à en triompher !


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