Oui, je suis belge et donc oui, je me permets de faire un clin d’oeil surréaliste dans mon titre 🙈
Mais donc j’assume à 100 % : je ne crée pas de vêtements unisexes.
Oui je sais, c’est décevant. Tu croyais qu’une marque inclusive comme la mienne s’adressait autant aux hommes qu’aux femmes et pourtant… ce n’est pas tout à fait ça!
Rassure-toi, je te propose de découvrir un délire encore plus inclusif que l’unisexe: le non genré!
Unisexe, non genré: c’est la même chose non?
Alors, quiz:
quelle est la différence entre unisexe et non genré?
Si tu me suis depuis un petit temps, je compte sur toi pour avoir la bonne réponse! Allez, on rend sa copie, voilà le correctif!
@assia.kara ⚠️quand on te vend un vêtement unisexe, est ce qu’il est vraiment inclusif?🙅♀️🙅♀️🙅♀️ aujourd’hui je vois beaucoup trop de marques qui surfent sur une vague sans pour autant questionner le patriarcat et le sexisme de notre société 😤 au lieu de parler de vêtements unisexes, acceptons que les vêtements n’ont pas de genre et qu’ils sont donc non genrés! Paillettes, froufrous, talons ou cravates : tous ces éléments ont leur place dans ta garde-robe, quel que soit ton genre 💖 #nongenré #genderless #nogender #unisexe #unisex #unisexfashion #unisexclothing #modeunisexe #fashionhasnogender #genre #identitedegenre #performancedegenre #gender #genderidentity #masculin #feminin #vetements #inclusivite #inclusion #modeinclusive #inclusivefashion #marqueinclusive ♬ son original - assiakara
La définition du Robert du mot «unisexe » c’est
Destiné indifféremment aux hommes et aux femmes.
Pour la team Larousse, vous êtes pas mieux loti-e-s :
Se dit d'un vêtement, d'une coiffure, etc., qui conviennent indifféremment à l'un ou à l'autre sexe.
Alors voilà, on a 2 définitions du même mot et l’une comme l’autre démontrent à quel point ce terme est problématique.
Tout d’abord, parce que, quelle que soit la définition qu’on choisit, il y a une notion de binarité. Les hommes et les femmes. Les deux sexes. Et rien entre les deux. Pas très ouvertes, donc, à toutes les expériences de non binarité qui font partie de la réalité et la diversité actuelle.
Ensuite parce que, au moins dans la définition du Robert, homme et femme sont considérés comme des sexes, soit des réalités biologiques. Et si vous le découvrez avec cet article, sachez que non, un « homme » ou une « femme » ce n’est pas une réalité biologique. On peut bien sûr parler de gamètes mâles et femelle, de chromosomes XX ou XY, d’oestrogènes et de testostérone, de caractéristiques sexuelles primaires et secondaires… mais tout ça est bien plus complexe que deux « ensembles » qui seraient figés et exclusifs (c’est ce qu’on appelle communément personnes intersexes ou corps intersexués).
Je reviens encore 2 secondes sur la définition du Larousse parce qu’elle met en lumière tout ce qui ne va pas avec ce terme. Elle commence comment cette définition ?
Se dit d’un vêtement, d’une coiffure etc
Donc vous êtes en train de me dire qu’il y a des coiffures et des vêtements qui entrent en conflit avec mes hormones, mes organes reproducteurs ou mes chromosomes ?
De l’unisexe au non genré
Justement, non ! Aucun objet, aucune pratique culturelle ne convient plus ou moins à nos organes reproducteurs ou à nos chromosomes (si ce n’est les objets spécifiquement conçus pour elleux, comme des contraceptifs ou des sextoys par exemple). Mais les coiffures, les vêtements etc ça parle d’autre chose que notre biologie. Ca parle du genre. Ca parle de tout ce qu’on a collectivement décidé, en tant que société, qui était acceptable pour « un homme » ou « une femme ». Et tout ça, ça évolue selon les époques. Le « pantalon » c’est unisexe depuis grosso modo un siècle. Le maquillage était unisexe jusqu’au XIXème siècle. Et encore, on ne parle ici que de notre culture occidentale. Si on regarde à travers le monde, les pratiques sont parfois genrées très différemment de l’Europe.
Et c’est pour cette raison précise que parler de marque de vêtements unisexes, c’est n’avoir rien compris au problème. Et c’est donc continuer à perpétuer des idées fausses.
Alors, depuis la création de ma marque, je préfère parler de vêtements non genrés. Car les vêtements que je créé conviennent bien entendu à tous les sexes (comme n’importe quel vêtement créé par n’importe qui donc) mais aussi à tous les genres. Comme n’importe quel vêtement créé par n’importe qui aussi.
En fait un vêtement c’est juste un morceau de tissu, donc ça ne devrait pas être genré à la base. Et le monde ne m’a pas attendu pour dégenrer ses vêtements. Par contre, ça reste important pour moi de revendiquer le non-genre de mes créations… tant que les autres marques continueront à genrer les leurs.
Tant qu’il y a des rayons « homme » et « femme » ailleurs, ça a du sens pour moi de répéter again and again que je mes vêtements sont non genrés. Mais le jour où tout le monde reconnaîtra que chacun-e peut porter ce qu’iel veut, je me ferai une joie de ne plus parler de non genré non plus, puisque ce terme sera (enfin) obsolète ! Oui je sais je rêve. Mais ça fait du bien de rêver ☺️💭
Le pire des marques unisexes
Y a plein d’autres soucis avec les entreprises qui disent faire des vêtements unisexes. Même sans ergoter sur la définition du mot (aka ce que je viens de faire pendant les 3/4 de cet article), on voit plein de biais au sein des marques qui utilisent cette terminologie. Tu sais, ces marques qui pensent avoir compris et qui donc ont 3 rayons : hommes – femme – unisexe. Ou encore, celles qui font de l’unisexe en se limitant aux t-shirts et jeans, aux coloris beiges, bref, à tout ce qui n’est pas trop associé à un genre.
Et puis il y a les tailles. J’en peux plus de voir des guides de taille qui, après avoir faussement dégenré leur look, remettent du genre dans les tailles. Ca donne ça :
C'est le guide des tailles de... K-Way 🤦
Et puis, il y a les tailles. Parce que quand on s’habille unisexe, on est forcément une taille standard. On est forcément en dessous de 2XL.
Alors attention, je vais pas juger trop durement ces marques : elles essaient et je vois des évolutions au fil des années. Pendant ce temps, y a encore beaucoup de marques qui se genrent ultra explicitement et qui n’ont aucune intention de changer. Mais c’est parfois usant de voir que même quand elles essaient de s’ouvrir, elles le font hyper maladroitement.
Mais alors comment on fait bien ?
J’ai pas de formule magique, ce serait trop beau. Par contre, j’ai quelques années d’expérience et d’amélioration continue qui font que je peux donner quelques conseils aux marques qui voudraient vraiment dégenrer leur catalogue :
- oublier les rayons genrés : tout est dégenré ou rien ne l’est. Y a pas d’entre deux;
- privilégier le terme « non genré » à « unisexe » (pour toutes les raisons expliquées au-dessus);
- oser créer des vêtements intéressants : non on n’a pas besoin d’un énième hoodie unisexe;
- dégenrer la communication : pratiquer l’écriture inclusive, photographier vos créations sur une diversité de corps et pas uniquement sur des personnes au look androgyne;
- quel que soit le genre de ta clientèle : y a pas que des minces dans la vie !
Dégenrer sa marque, ce n’est pas juste un effet de mode. Ce n’est pas juste mettre un label sur des fringues et puis espérer que ça prenne. C’est une vraie prise de position dans l’industrie et ça va nécessiter des ajustements à tous les niveaux : la com, la prod, le processus créatif. C’est comme si tu veux devenir une marque éco-responsable : ça demande d’y croire vraiment, de transformer ton projet en profondeur pour qu’il soutienne tes valeurs. Sinon, c’est juste du bullshit.