Ca vous est déjà arrivé d’expliquer à une personne que son vécu est différent en partie à cause de ses privilèges et qu’elle… se vexe ?🤦 Qu’elle se sente insultée, qu’elle vous réponde qu’elle aussi elle a souffert, qu’elle n’a pas choisi de naitre avec telle ou telle caractéristique ?

Sur papier, on est tou-te-s d’accord pour dire qu’un privilège, c’est « être né-e avec une longueur d’avance ». Cette vidéo qui a beaucoup tourné sur les réseaux y est probablement pour quelque chose. 

Alors si on s’accorde tou-te-s sur la définition, pourquoi est-ce toujours aussi difficile de faire face à la réalité ? 🤔 

L’histoire dont vous n’êtes pas le héros

Vous avez déjà vu un Disney ? Lu un livre pour enfant ? Appris les bases d’un bon scénario ?

En ce moment, tou-te-s les héro-ïne-s qui vous viennent à l’esprit ont probablement quelque chose en commun : iels doivent se battre, vivre des épreuves, galérer pour obtenir une happy end. Franchement, qui a envie de voir l'histoire de quelqu’un pour qui tout est facile ?

 

Notre culture judéo-chrétienne nous vend depuis très longtemps cette notion de mérite. Et là où le bât blesse, c’est que nos privilèges, on n’a rien fait pour les avoir : on ne les mérite pas.

Alors, si on reconnait nos privilèges, qui est-on dans ces histoires ? Jafar, les canards qui se moquent du cygne, Biff Tannen ?

 

Ouais, j’avoue, se reconnaître dans ces personnages, ça fait pas rêver 😅

La diversité des privilèges… et de celleux qui en souffrent

Dans une discussion sur le genre, j’ai déjà remis un homme face à ses privilèges. Le truc c’est que cet homme n’est pas blanc. Et que donc, automatiquement, il s’est senti agressé, choqué, que je parle de privilèges alors que lui subit le racisme au quotidien. Pourtant, en vrai, il a quand même moins peur que moi de rentrer seul la nuit non ?

Et, tou-te-s les deux, on a plus de facilités à présenter notre partenaire à nos parents qu’une personne gay, quelle que soit sa couleur et son genre.

 A ce propos, je vous conseille l'excellent podcast "Coming Out" dans lequel des célébrités françaises racontent leur propre histoire, c'est top !

Le réalité, c’est qu’on n’est pas dans un concours. On quasiment tou-te-s des privilèges, mais quasiment tou-te-s aussi des sujets sur lesquels on est désavantagé-e-s.

Et si, au lieu d’essayer de se trouver des désavantages personnels, on pensait un peu à celleux qui cumulent ? Aux femmes trans noires lesbiennes pauvres ?

🤓 C’est de ce constat qu’est née la notion d’intersectionnalité : se concentrer sur un type de domination (par exemple, le genre) sans prendre en compte les autres dominations (la classe sociale, la couleur, la religion…) c’est passer à côté du problème : nous ne sommes pas dominant ou dominé par essence, mais par intermittence, en fonction de la situation.

Auto-flagellation ou passage à l’action ?

Prendre conscience de ses privilèges, c’est un passage plutôt désagréable (même si, en comparaison avec les violences que vivent les non-privilégié-e-s, c’est relativement facile encore une fois). Il faut accepter qu’on est peut-être le-a méchant-e dans Disney. Que notre mérite n’est pas notre seul facteur de réussite. Que d’autres ont probablement beaucoup plus de talent.

Mais se morfondre, au final, qu’est-ce que ça change à la société ? Est-ce que les inégalités diminuent parce qu’on culpabilise ? Est-ce que notre entourage réalise ses propres privilèges en nous voyant malheureux-se ?

Au contraire : prendre une position de victime renforce le status-quo des privilèges.

Si on accepte qu’on ne peut rien faire face à cette situation, on conserve une illusion globale qu’on est « tou-te-s égaux-ales » et ça profite ENCORE aux privilégié-e-s.

A l'inverse, que se passerait-il si on utilisait nos privilèges au service de nos valeurs? C’est ce qu’on appelle « être un-e allié-e ». Sans prendre la place des personnes concernées, vous avez des moyens, des milieux qui vous sont ouverts, un crédit qui est accordé à vos paroles. Si tout le monde est blanc-he dans votre entreprise, qui d’autre qu’un-e blanc-he va pouvoir verbaliser qu’il y a un problème ? 📣💪

Egalité ou équité ?

Aujourd’hui, on se rend bien compte que la notion d’égalité a ses limites. Parce qu’on ne naît pas toustes égaux-ales. Notre taille, notre couleur de peau, le milieu dans lequel on grandit, nos chromosomes, nos maladies génétiques… toutes ces différences sont présentes quoi qu’on en dise. Il faut les reconnaître… mais aussi les célébrer !
Jusqu’à il y a peu, j’aurais, comme beaucoup, tenté de remplacer l’égalité par l’équité. Mais finalement, ne peut-on pas tout simplement travailler à supprimer la barrière ? 💡
Source de l'image : apeda.be

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